• Reunion préparatoire du 16 mars 2010


     

    ACTION MEDICALE NORD SUD

    COMPTE RENDU D’ASSEMBLEE GENERALE EXTRAORDINAIRE

    Mardi 16 mars 2010 à 2OhOO

    au siège de l’association à Aix en Provence

     

    Sont présents et ont signé la feuille d’émargement :

    Bernard BLANC,   Martine BOUILLOT, François CHOSTAKOFF, Jean-Luc CHUZEL, Brigitte DAMOTTE, Aurore GAUTRON, Roger GERAUD, Marie Françoise LELIEVRE, Véronique LE MARCHAND, Annette PATOU, Michel POURRIERE

     

    Le but statutaire d’AMNS étant la réduction de la mortalité maternelle en Afrique Subsaharienne, avec pour terrain d’élection le Burkina Faso, le Docteur Géraud nous livre quelques données démographiques.

    La population en Afrique augmente de 3% par an, c'est-à-dire qu’elle double tous les 25 ans en considérant une moyenne de 3 enfants par femme, ce qui est une hypothèse plutôt basse. Cela signifie qu’en 2050 elle atteindra 2 milliards d’habitants.

    Pendant ce temps 600 000 femmes meurent encore chaque année (soit une par minute) du simple fait d’avoir voulu donner la vie : ce chiffre est d’autant plus révoltant que des mesures de santé simples et peu onéreuses suffiraient à le faire baisser drastiquement. La première cause de mortalité des filles de 15/19 ans,  ce sont les complications à l’accouchement. Ainsi, par le simple accès à la contraception, on « économiserait » 200 000 vies. Même si les grandes ONG ne veulent pas s’en mêler il nous faut nous impliquer socioculturellement.

    Les soins primaires c’est notre tropisme, c’est pourquoi nous nous orientons vers les CSPS et tâchons de réaliser un projet de petite envergure mais pouvant être facilement élargi.

    Notre propos c’est l’influence de la consultation prénatale (CPN) dans les villages sur la réduction de la mortalité maternelle. Le projet d’équiper les accoucheuses diplômées des CSPS d’une mobylette avec une valisette de soins a déjà été concrétisé à Garango, à côté de Tenkodogo.

    Le maintien des forces médicales en Afrique est un souci : les rivages de fuite (cf le livre de Roger du même titre) abreuvent l’Europe de médecins africains  (6000 en France) et ceux qui restent au pays n’ont qu’une ambition, quitter leur village et ouvrir un cabinet dans la capitale.

    Les fistules sont une forme de complication fréquente à l’accouchement. Le traitement des fistules commence à être très organisé : 2 centres mondiaux, un au Nigéria, tenu par les Hollandais et un en Ethiopie, à Addis Abeba : ils traitent 6 à 8000 cas par an et les médecins volontaires doivent déposer leur candidature 3 ans à l’avance. Jean-Luc avait rencontré il y a 2 ans, à la clinique Saint Marc de Ouaga, Paul Albert, urologue marseillais lors de la première journée burkinabé du traitement des fistules. Une organisation suisse (Sentinelles) prenait en charge l’hébergement des fistuleuses et de malades atteints du Noma.
    L’AFFO a deux sites (Fada et Bobo Dio Lasso). Il y a beaucoup d’argent, venant d’Andalousie, à l’origine collecté contre les mutilations sexuelles : ils prennent en charge la formation théorique et chirurgicale des médecins volontaires. Le Docteur Drabo Moussa à Kaya (près du Niger) pratique également cette chirurgie dans sa clinique avec 2 autres gynécos.

    Ce qui est important c’est de faire de la chirurgie des fistules de façon « compagnonique » (1 maître, 1 compagnon, 1 apprenti) car les chirurgiens africains sont brutaux et cette chirurgie est très délicate, pas compliquée mais très précise, surtout dans les reprises.

    Plus de la moitié des pathologies vues par les humanitaires en Afrique c’est de la gynécologie obstétrique, le paludisme omniprésent et tous les ans une épidémie de méningite (en période sèche) avec méningocoque mutant.

    Notre projet est de suspendre temporairement notre action à Garango, en l’absence de motivation et de retour de données faible de l’association Nativité, constituée de sages femmes et de matrones, à la création de laquelle nous avions participé et que nous avons soutenue depuis 6 ans.

    Nous nous rapprochons donc de Goursy, sur la route de Ouahigouya, à 150 km de la capitale (2 heures d’autocar) et plus précisément de Tangaye, village de 2000 habitants à, 17 km de Goursy. Il abrite un CSPS de 2 bâtiments, une maternité et une pharmacie. Leur dénuement est le plus total. Pas de réserve de médicaments (rupture des gratuités), pas d’eau courante, pas d’électricité (un petit groupe électrogène), pas de matériel, une cocotte minute pour la stérilisation et un personnel minimal : 2 infirmiers, une matrone et 2 agents d’entretien.

    En général le personnel médical est efficace en terme de traitement mais beaucoup moins en terme de diagnostic.

    Le médecin de Goursy ne fait pas de chirurgie et il envoie donc les malades, et en particulier les césariennes, à Ouahigouya (en saison des pluies, la route est régulièrement submergée et infranchissable). L’urgence serait d’ailleurs d’acquérir un tricycle pour le transport des femmes.

    L’association AGIR de Manosque y va 3 fois par an, et s’occupe de culture (ils creusent des puits, s’occupent du maraîchage), de réhabilitation des bâtiments, aide à l’éducation mais pas de santé. Leur première action a été, en partenariat avec le Conseil Général, d’amener au village des ados délinquants pour les aider à se réinsérer : cela a dégénéré en bagarre sur place et la mission a été abandonnée.

    Notre atout là bas : Francine Sawadogo, référente de santé à Goursy, une femme qui a beaucoup d’autorité et s’implique énormément dans ce village.

    Quelques principes à appliquer et  faire appliquer :

    -       Ce qu’on amène et qui est offert doit être donné à la population.

    -       Amener du photovoltaïque pour l’éclairage (1 m2 suffirait, comme à Banfora) même si c’est un peu lourd puisque le courant fourni est continu et  qu’il faut transformer en alternatif.

    -       Aller faire une première mission d’expertise (grilles d’évaluation déjà prêtes).

    -       Aider à la nutrition : ils disposent déjà sur place de tous les éléments : le soja, qui ne demande pas beaucoup d’eau, pour les protéïnes, le mil  pour la farine et les arachides pour les lipides.

    -       Savoir résister à leurs demandes excessives.

    -       S’appuyer sur les associations de femmes, ce sont les plus efficaces, qui vont faire de l’éducation à la santé, à la contraception.

    -       S’appuyer sur les infirmiers qui sont de meilleurs relais que les médecins car ceux-ci ne pensent qu’à quitter le village, et sur les sages femmes : prévoir même un petit budget (10/15 euros par mois) pour les motiver.

    -       Leur enseigner la gestion des déchets.

    -       Ne pas partir trop nombreux pour cette première mission (4/5 est un maximum) pour ne pas les effrayer.

    -       Assurer une présence régulière : il faut y aller au moins deux fois par an. D’avril à fin juin c’est trop chaud, ensuite c’est la saison des pluies avec le palu et les gens peu disponibles car ils sont aux champs, reste donc d’octobre à février.
    Le choix se porte en fin de réunion sur la fin septembre (Bernard Blanc et son épouse, Michel Pourrière, Martine Bouillot, et peut être Brigitte Damotte.)

    Pour février 2011, pendant les vacances scolaires se proposent Aurore Gautron, Véronique Le Marchand et peut être Annette Patou et François Chostakoff.
    Jean Luc lui est régulièrement à Boromo et Banfora et y va d’ailleurs en juin.

    Michel Pourrière, ancien chef de quart dans une raffinerie peut superviser  tous les travaux de logistique, le bricolage n’ayant plus de secret pour lui (se renseigner sur la société qui construit des maisons en terre, sans bois ni tôle, avec des murs de 60 cm d’épaisseur et le principe de la voûte nubienne, avec 20 personnes pendant 15 jours ; ils en donc déjà construit 600, qui reviennent à 12 euros le m2)


    Financement de la mission:

    Les déplacements se font, comme d’habitude à AMNS, sur le budget propre des participants.
    L’AR Marseille-Ouagadougou avec Point Afrique coûte environ 600 euros , et on a droit à 30 kg de bagages. La fille de Michel travaille dans une agence de tourisme spécialisée dans la chasse et a beaucoup de contacts à Ouaga.
    Sur place, à Goursy il y a deux auberges correctes : il vaut mieux faire le trajet tous les jours pour Tangaye que loger sur place.

    Pas de budget pour les consommables et médicaments car tout repose sur la collecte, que Brigitte a déjà commencée à l’hôpital de Manosque (elle nous montre les sacs entiers d’instruments en métal jetables et autres fournitures).
    NB : L’ambassade de France et son service de coopération décentralisée à Ouaga, a un petit budget (100 000 Fr CFA, soit environ 15000 euros) en mission d’appui aux ONG (ils doublent la mise) , pour quelques objectifs santé mais surtout pour l’agriculture. (cf  gabrielle.couaillac diplomatie.gouv.fr)